Avant de poser le casque de conductrice d’usine sur sa tête, l’ancienne opératrice d’exploitation s’est longtemps postée en «casse-cou», adoptant diverses «allures de garçon», cumulant les gestes que les affres ont aussitôt transformés en jolies gaffes :
« Mon père m’appelait Gaston, parce que tous les mois, je me cassais un os. Parfois, simplement en m’empressant de rejoindre le facteur pour récupérer un livre sur l’environnement. »
Tomber, mais se relever, rire de quelques bleus qui font mal avant d’enfiler celui du travail : comme alternative à l’alternance, l'ancienne stagiaire Veolia signe son premier CDI dans le groupe et accepte de se retrouver en bas de l'échelle d'un métier dont les ficelles la hissent pourtant plus haut que son espérance. Sentant son engagement pour cette entreprise durable et sans revers, Laure ramifie à Nevers les branches de son arbre généalogique, planté jusqu'ici dans les environs de Paris :
J'ai considéré mon entrée chez Veolia comme un retour à la terre. Mes grands-parents étaient agriculteurs, et comme j'ai été élevée dehors, je passais mon temps à grimper sur des tracteurs, à faire rouler mes petites voitures dans le gravier, à construire des cabanes. Aujourd'hui encore, ma famille est fière de moi car elle sait que je ne lâche rien, que je n'aime pas l’échec. Mes proches me disent que je suis leur Wonder Woman, celle qui se trimballe toujours avec sa pioche !
Si son expérience la préserve des préjudices que rencontrent les novices, Laure comprend qu’être la seule femme impose régulièrement de substituer une tête rondement faite à des muscles aux contours bien nets : « Je me suis entêtée pendant des années à forcer pour fermer des bennes, avant que mon chef ne me conseille d’utiliser un trépied ! Je me souviens qu’il m’a dit “Laure, tu n’as pas les mêmes biceps, mais t’as un cerveau, trouve des techniques pour décupler ta force !” »
Alors, quand elle n’use pas de ses ressources à la pelle, elle n’enfile qu’un simple gant pour déloger un serpent assorti parmi les anguilles du casier électrique : « Mes coéquipiers voulaient appeler les pompiers pour se débarrasser d’une couleuvre, alors que c’est sans défense, une couleuvre ! Je l’ai juste attrapée à la main et relâchée plus loin, mais c’est vrai que cette histoire a marqué les esprits. »
Désormais conductrice d’usine, passant de la maintenance au management qu’elle pratique sans ménagement, Laure enregistre tout et partage comme un devoir les cases de sa mémoire, laissant aussi ses mains panser les petits maux des gros bras par le mercurochrome et le sparadrap.
Celle qui admet la hâte qu’elle avait de retourner sur le terrain, pour retrouver son activité dès la fin de son congé maternité, s’émeut d’offrir à Noël le casque de chantier que son fils s’est à son tour pris à réclamer : « À seulement trois ans, il est fasciné par les châteaux d’eau ! Quand il tire la chasse, il dit au revoir à l’eau et déclare que maintenant, c’est à maman de dire bonjour au boulot ! Mon mari est arrivé chez Veolia quelques années après moi, et si cela continue, je crois bien qu’Arthur va nous suivre! Nos balades sont de plus en plus longues, parce qu’il nous fait nous arrêter à toutes les bouches d’égout... »
Tel est le sort que l’exemplarité réserve aux ambassadeurs, aux grands passionnés, à ces « vétérinaires de l’assainissement » dont le logo sur la casquette pourrait se laisser deviner, même incognito, en pleines vacances d’été : « Chaque fois que je parle de mon métier, j’ai besoin de le rendre plus joli et plus abordable. J’aime penser que, comme dans un zoo, je prends soin des bactéries et qu’en échange, elles traitent l’eau. »
S’assurant de la pureté des eaux rejetées, jonglant avec les éléments, cette campagnarde invétérée s’épanouira toujours mieux au grand air, loin des bureaux qu’elle considère pénitentiaires, dans un paysage où poussent machines et inventions frôlant la science-fiction : « Chez Veolia, on a la chance de voir du matériel innovant partout ; j’ai même eu l’opportunité de développer un programme qui permet d’économiser l’énergie. À la maison, je lis beaucoup de magazines sur les nouvelles technologies et j’adore travailler dans un endroit qui a les ressources nécessaires pour les mettre en place, grandeur nature, et sous mes yeux ! » Des yeux qu’elle s’emploie à garder bien ouverts et surtout écarquillés, comme pour rappeler aux paupières trop fermées ce métier pourtant si proche, dont la noblesse reste pour elle claire comme de l’eau de roche.
Ce que je souhaite exprimer aux femmes qui envisagent de faire mon métier ?
À vingt ans, j’étais la première fille à intégrer mon équipe, mais surtout la plus jeune. Cela faisait des années que mes collègues n’avaient pas vu un profil tout juste sorti de l’école, et ils m’ont aussitôt prise sous leur aile ! Ce qui compte le plus, finalement, c’est de rester soi-même, et de se libérer de ce que l’on croit être un inconvénient ou un point négatif.
Si l’on me donnait une baguette magique…
Je ferais en sorte que notre métier soit davantage valorisé. Nous sommes peut-être des petites fourmis, mais nous apportons chaque jour notre pierre à l’édifice. Comme les ressources sont de plus en plus rares, c’est puissant de se sentir acteur! Nous sommes là pour ressourcer le monde, pour sensibiliser à grande échelle – pas pour faire du chiffre, pour sauver la planète.
Ouvrir les coulisses de métiers peu connus, de "rendre visible l'invisible" via le parti-pris osé de la littérature, c'est le pari de cette série de portraits réalisée en association avec la Maison Trafalgar. Une écriture élégante, tendre et affûtée qui redonne ses lettres de noblesse à l'humain et aux émotions à travers les parcours de vie et les métiers de nos collaborateurs et collaboratrices.
Vous découvrirez ainsi, tous les mois, des portraits littéraires et photographiques de collaborateurs Veolia qui ont "osé le portrait" en se prêtant à cette expérience introspective et inattendue. Ils nous livrent des parcours de vie, des anecdotes qui donnent vie au terrain et à leur quotidien. Chaque écrit est unique, à l'image de nos collaborateurs, ils s'animent et dévoilent toute la richesse des personnalités qui composent la culture de notre entreprise. Tous ces témoignages ont un dénominateur commun, celui de faire un métier qui a du sens, en accord avec les valeurs profondes de Veolia.