Huit personnalités d'horizons aussi différents que complémentaires : l'architecte Jean-Michel Wilmotte, l'historien Boris Bove, le démographe Hervé Le Bras, le cinéaste Cédric Klapisch, la maire Célestine Ketcha-Courtès, l'ethnologue Anne Monjaret, l'artiste Magda Danysz et Antoine Frérot, l'industriel, se retrouvent dans cet ouvrage, reliés par la ville et ses univers présents, passés et à venir. Au détour des rues et des points de vues de ces 8 personnalités, ce livre connecte leurs regards pour dire “le monde qui vient”.
Recycler la ville, anticiper ses besoins
Pour Antoine Frérot, les villes doivent être résilientes : moins soumises aux aléas, moins fragiles, moins exposées aux difficultés.
Les villes doivent être mieux armées face aux phénomènes naturels ou aux accidents économiques comme une décroissance brutale centrée sur une seule activité. Les villes doivent être plus sobres en eau, en énergie, en matières premières, en multipliant les usages d’une même ressource : par exemple en recyclant l’énergie qui sort des cheminées de tous les bâtiments. La ville doit aussi tenir sa promesse urbaine (eau, électricité, chauffage) pour des populations les plus précaires.
En ville, « lorsqu'on la recycle, une ressource augmente avec les usages »
Si les solutions proposées par Veolia pour l'eau, l'énergie et les déchets étaient mises en œuvre, l'impact des émissions de gaz à effet de serre responsables du réchauffement climatique serait réduit de 30% : d’abord par l'efficacité énergétique des bâtiments et des industries ; ensuite par le recyclage, comme celui des plastiques ou des métaux : une bouteille en plastique recyclé émet 70% de gaz à effet de serre en moins par rapport à une bouteille en plastique vierge. Et réutiliser ou recycler les déchets transforme une matière polluante en énergie utile.
À l'avenir, les villes seront en partie responsables de la raréfaction de l'eau. Les solutions passent par la lutte contre le gaspillage et par une adaptation technologique à cette raréfaction. Les techniques du goutte à goutte pour l’agriculture sont déjà très efficaces. Il faudra aussi aller vers le recyclage des eaux usées. Si on collecte toute l'eau utilisée pour la recycler, on ne pollue plus et la ressource, qui augmente avec les usages, est disponible là où on en a besoin.
Adapter le principe “pollueur-payeur” pour que polluer coûte plus cher que dépolluer
Dans certaines grandes villes de pays en développement, les infrastructures nécessitent des investissements lourds et une gouvernance stable. A défaut, la collecte des déchets y est souvent assurée de façon informelle, dans des conditions de sécurité et d’hygiène dangereuses.
Avec une bonne gouvernance, ce sont les politiques qui fixent un cadre que les entreprises respectent. En effet, aucun pollueur ne paye pour sa pollution sans y être contraint. Quand le mur de Berlin est tombé, l'Union européenne a conditionné l’entrée des pays de l'Est à un objectif de protection de l’environnement à 30 ans. Et grâce au principe “pollueur-payeur”, aujourd'hui la pollution de l'eau y a été réduite : quand polluer coûte plus cher que dépolluer, tout le monde se met à dépolluer. Et ce qui a été fait pour l'eau peut être fait pour les autres pollutions : l'air, les déchets et même le carbone. Bien sûr, cela suppose une vraie organisation collective et, s'agissant du carbone, celle-ci ne peut-être évidemment que mondiale, mais les solutions existent déjà.