Les conséquences pèsent de plus en plus sur la vie des populations, avec des pertes matérielles irréversibles, des conditions de vie de plus en plus rudes et des risques sanitaires accrus. Si on a pu croire un instant qu’il s’agissait d’épiphénomènes, les conséquences de ce dérèglement climatique sont bien structurelles et impactent significativement nos modes de vie, au point qu’il importe plus que jamais aujourd’hui de prévenir les crues. C'est un enjeu majeur pour la résilience de nos territoires, la sécurité de nos populations et la préservation de notre cadre de vie.
Et au cœur de cette approche, la biodiversité joue un rôle majeur et dual. Non seulement elle doit être protégée des impacts du changement climatique, mais elle constitue également une partie intégrante des solutions à déployer. Les solutions fondées sur la nature qui s’appuient sur les écosystèmes aquatiques naturels offrent des réponses efficaces et durables, que ce soit pour atténuer les risques d'inondations ou pour améliorer la qualité de l'eau de nos rivières et de nos sources. Intégrer la nature et valoriser ses fonctions d’épuration, de stockage, d’atténuation, dans nos stratégies de gestion de l'eau n'est plus une option, mais une nécessité pour construire des territoires résilients face aux défis climatiques actuels et futurs.
Propositions pour vos projets de territoires
Pour 2026, vous pouvez vous engager à :
- Proposition n°53 Prévenir les inondations et leurs conséquences par un système de surveillance et de gestion automatisée des crues. S'appuyant sur une analyse hydrologique locale, ce système s’appuiera sur un mix de technologies innovantes (capteurs connectés et analyse de données en temps réel) et de solutions naturelles.
- Proposition n°54 Remettre à l'état naturel les cours d'eau urbains et créer des zones humides dans la commune, pour à la fois réduire le risque d’inondations, créer des îlots de fraîcheur, et améliorer la qualité de vie. Ce projet inclura la création de parcours pédagogiques pour sensibiliser les citoyens à l'importance de la préservation du cycle naturel de l'eau.
- Proposition n°55 Mettre en place un programme ambitieux de protection des zones de captage d'eau potable, en favorisant l'agriculture biologique dans un périmètre élargi et en créant des zones naturelles protégées. Ce plan inclura également l'installation de ruches pour la biosurveillance de la qualité de l'environnement, visant à améliorer la qualité de l'eau et à préserver la biodiversité locale.
> Retrouvez les 70 propositions pour vos nouveaux projets de territoire
Les faits
18 millions de Français
sont exposés aux différentes conséquences des inondations par débordement de cours d’eau, soit 26,7% de la population française. (1)
1,5 million de Français
exposés au risque de submersion marine. (2)
14,4 Md€
D'indemnisations suites aux inondations par submersion marine et/ou débordement de cours d'eau en 2022
20% seulement
des habitats naturels d’intérêt communautaire sont dans un état de conservation jugé «favorable», les plus endommagés étant les dunes, les tourbières et autres milieux humides. Ils ne sont plus que 10% à répondre aux critères définis par la directive européenne Habitats-Faune-Flore.
13 000 captages abandonnés
Sur la période 1980-2022, environ 13 000 captages d'eau potable ont été fermés du fait de la présence de nitrates et de pesticides notamment. (3)
🔎 Prévention des inondations : que dit la réglementation ?
La réglementation française en matière de prévention des inondations s'articule principalement autour des Plans de Prévention des Risques d'Inondation (PPRI). Ces documents, établis par l'État, délimitent les zones à risques et définissent les règles d'urbanisme, de construction et de gestion applicables dans ces zones. Ils sont annexés aux documents d'urbanisme des communes et s'imposent à tous, collectivités comme particuliers.
Depuis 2018, la compétence GEMAPI (Gestion des Milieux Aquatiques et Prévention des Inondations) a été confiée aux intercommunalités. Cette réforme majeure leur attribue la responsabilité de l'aménagement des bassins versants, de l'entretien des cours d'eau, de la protection contre les inondations et de la restauration des écosystèmes aquatiques. Les collectivités peuvent prélever une taxe spécifique pour financer ces actions et sont responsables de la gestion des ouvrages de protection comme les digues.
En complément, la loi sur l'eau et les milieux aquatiques impose des obligations en matière de gestion des eaux pluviales et de ruissellement. Les collectivités doivent élaborer des schémas de gestion des eaux pluviales et peuvent imposer des mesures pour limiter l'imperméabilisation des sols. Par ailleurs, le Code de l'environnement prévoit des outils de planification comme les Programmes d'Actions de Prévention contre les Inondations (PAPI), qui permettent une approche globale et coordonnée de la prévention des inondations à l'échelle d'un bassin de risque.
Leurs conséquences peuvent être dramatiques : les inondations peuvent non seulement mettre en danger les habitants et détruire leurs habitations, mais aussi dégrader la qualité des eaux potables, nuire à la biodiversité et à l’environnement par l’émission de pollutions non-contrôlées.
Une maîtrise défaillante des écoulements d’eaux peut par ailleurs alimenter la pollution de la terre à la mer, affecter la qualité des eaux de baignade et de production aquacole, porter atteinte à la biodiversité et aux élevages dépendants de la qualité de l’eau du milieu aquatique comme la conchyliculture, patrimoine national apprécié. Cela peut aussi dégrader les conditions de la pratique de loisirs comme la plongée ou d’activité économique comme la conchyliculture.
C'est pourquoi il convient d'assurer une surveillance en temps réel sur les cours d'eau et les infrastructures pour anticiper les risques et réguler les écoulements.
Les nouvelles technologies digitales - à savoir la multiplication des capteurs connectés (IoT) et la capacité à analyser d'importants volumes de données en temps réel - permettent :
- d'inscrire l’action des collectivités dans une dimension prédictive,
- de faciliter des prises de décision rapides et des actions coordonnées.
La vigilance continue sur les équipements de pompage et la régulation rigoureuse des eaux pluviales et des vannages de protection contre les risques d’inondations sont le premier rempart pour :
- éviter la dégradation de l'environnement,
- assurer la préservation de la qualité de vie des citoyens,
- limiter les conséquences financières de ces incidents.
Cette surveillance ne peut naturellement être suivie d’effets que si elle va de pair avec une maintenance optimale des ouvrages hydrauliques des eaux pluviales, afin d'en garantir le bon fonctionnement en toute circonstance. Les collectivités peuvent également ralentir les écoulements en facilitant la création de zones tampons en s'appuyant sur les solutions fondées sur la nature, permettant de protéger les populations et leur cadre de vie comme les activités économiques.
La biodiversité joue alors un rôle majeur, par la capacité de stockage de l’eau qu’elle permet de mobiliser.
Le point de vue expert
« Le cœur de métier de Veolia, c’est bien de “ressourcer” le cycle de l’eau et préserver les milieux aquatiques et les ressources, à travers ses activités de gestion des services d’eau, dans une vision intégrée du territoire.
Contribuer à réguler les écoulements naturels en fait partie intégrante. Cela revient à prendre soin des ressources en eau, et plus spécifiquement des rivières et des littoraux.
Le cadre de vie des habitants et la biodiversité en sortent gagnants. »
Marie-Christine Huau, Directrice Stratégie Eau & Climat, Veolia
Depuis plus de 20 ans, le SIAVB (Syndicat Intercommunal pour l’Assainissement de la Vallée de la Bièvre) et Veolia développent et enrichissent un système de gestion automatisée des crues de La Bièvre, un affluent de la Seine situé au sud de Paris. La mission de ce système est de prévenir les inondations et les catastrophes naturelles à venir dans une zone fortement inondable.
Avec ses 150 000 habitants, la Vallée de la Bièvre dispose aujourd’hui, sur les 40 km de cours d'eau, d’un dispositif complet pour gérer les flux d'eau :
- Des pluviographes permettent de suivre en temps réel la quantité de pluie et le niveau des 15 bassins de stockage permettant de retenir 700 000 m3 d’eau.
- Et un système automatique de pilotage veille au bon débit de la rivière.
En 2016, lors d’un épisode de crue exceptionnel, près de 35 millions d’euros de dégâts ont été évités grâce à ce système innovant.
Plus récemment, le dispositif a démontré son efficacité lors de la tempête Kirk d'octobre 2024, permettant de limiter considérablement les dégâts potentiels. Les efforts du SIAVB, notamment à travers des projets de renaturation et de reméandrage, ont joué un rôle majeur dans la gestion de cette crise. Ces aménagements, combinés au système de contrôle des flux, ont permis de retrouver rapidement la maîtrise de la situation, préservant ainsi la Haute Vallée de la Bièvre des impacts les plus sévères.
Bien que des débordements ponctuels aient été observés, affectant certains riverains, l'impact global sur le territoire a été nettement moins important que dans d'autres territoires des Yvelines, de l'Essonne, de la Marne, ou encore de Seine-et-Marne.
Cet épisode souligne l'importance des investissements dans des infrastructures naturelles et des systèmes de gestion intelligente de l'eau pour renforcer la résilience des territoires face aux événements climatiques extrêmes.
Le projet séduit bien au-delà de nos frontières…
Le dispositif déployé sur la Vallée de la Bièvre intéresse aujourd'hui le Cambodge, qui s’en inspire pour protéger notamment les temples d’Angkor des inondations en stabilisant les sols, et mieux protéger les populations locales.
Le dispositif déployé sur place permet en effet d’harmoniser les débits d’eau entre saison sèche et saison des pluies, et ainsi d'éviter les graves conséquences des inondations sur ce patrimoine de l'Humanité, tout en favorisant l'agriculture locale grâce à une ressource utile pour les champs et rizières de la région.
Nevers Agglomération est gestionnaire des digues communales en rive droite de la Loire depuis le 1er janvier 2008 ainsi que les différents systèmes de vannages s'y afférant. Pour la bonne gestion de ces ouvrages, l'agglomération a mis en place une prestation de surveillance des levées en période de crue qu’elle a choisi de confier à Veolia en 2020.
La prestation prévoit une formation annuelle des 20 agents de Veolia susceptibles d’intervenir afin de réaliser la surveillance des digues en rive droite de la Loire en période de crue. Elle permet au personnel d’être formé aux différents types de désordres pouvant intervenir sur les digues, aux outils informatiques utilisés dans le cadre de cette mission ainsi qu’un volet terrain permettant aux équipes de s’approprier les chemins d’accès aux ouvrages. La surveillance est déclenchée par Nevers Agglomération en fonction du niveau d’eau sur l’échelle de crue de la Loire. Les agents sur le terrain deviennent les yeux de la collectivité, ils parcourent les digues à pied de jour et de nuit en binôme et suivent un protocole spécifique afin de relayer chaque information à Nevers agglomération en temps réel grâce à des outils innovants.
Mobiliser rapidement des moyens nationaux pour faire face aux inondations
Les inondations représentent un défi majeur pour les communautés et les infrastructures, nécessitant une réponse rapide et efficace. Dans ce contexte, Veolia a développé une capacité d'intervention significative, prête à être déployée sur l'ensemble du territoire national. Cette approche proactive vise à minimiser les impacts des inondations sur la santé publique et l'environnement, tout en assurant la continuité des services essentiels.
En cas de problèmes de qualité de l'eau liés aux inondations, Veolia peut mobiliser rapidement 30 unités mobiles de traitement. Ces unités, conçues pour être facilement transportables et opérationnelles dans des délais très courts, permettent de rétablir l'accès à une eau potable sûre dans les zones touchées. Elles sont équipées de technologies de pointe pour traiter divers types de contamination, assurant ainsi la protection de la santé publique même dans des conditions difficiles.
Par ailleurs, pour garantir le bon écoulement des eaux usées et prévenir les risques sanitaires associés aux refoulements, Veolia dispose d'une flotte de 4 000 engins hydrocureurs. Ces véhicules spécialisés sont capables de nettoyer et de déboucher les réseaux d'assainissement, même dans des conditions d'inondation. Leur déploiement stratégique sur l'ensemble du territoire permet une intervention rapide, contribuant à réduire les risques de pollution et à accélérer le retour à la normale après un épisode d'inondation.
Préserver l'environnement et la biodiversité est à la fois un objectif et une solution
En s'inspirant et en tirant parti des écosystèmes aquatiques naturels, les approches écologiques offrent des réponses durables aux défis de gestion de l'eau. Ces solutions basées sur la nature se révèlent particulièrement efficaces pour réduire les risques d'inondations et améliorer la qualité de nos ressources hydriques, qu'il s'agisse des cours d'eau ou des sources. En mimant et en renforçant les processus naturels, ces méthodes permettent de concilier protection de l'environnement et résilience face aux enjeux hydriques.
Il y a tout intérêt à concentrer l'action sur les zones de captage dédiées à la production d'eau potable. Plus ces zones sont préservées et protégées des pollutions diverses, meilleure sera la qualité de l'eau.
Dans ces conditions, l'attention portée au cycle naturel de l'eau vient à la fois améliorer le cadre de vie naturel et la qualité de l'eau servie dans la durée.
Plusieurs axes peuvent être développés et combinés pour faire en sorte que les zones de captage soient parfaitement préservées :
- Favoriser l'agriculture bio dans un vaste périmètre autour des zones de captage
Sans recours aux intrants chimiques ou aux pesticides, l'agriculture biologique n'a qu'une incidence limitée sur l'environnement et permet d'améliorer la qualité de l'eau brute. - Laisser la nature se développer sans intervention humaine
Il n’est alors pas question d’interdire l'accès humain à des espaces protégés, mais plutôt de laisser la nature reprendre ses droits sur un périmètre défini. - Développer des chemins et zones d'agrément touristique
Opposer la présence humaine et la protection de l’environnement est une erreur. Il s'agit de trouver le meilleur équilibre entre le milieu naturel et la présence des êtres humains. - Recréer l'habitat naturel des espèces endémiques
Favoriser le retour des espèces endémiques contribue d’abord à un retour à l’état naturel de l’environnement mais peut également constituer un indicateur de l’état de santé général de la zone. - Recourir à des solutions de biosurveillance exploitant la biodiversité comme indicateurs de santé
L'entreprise Biomae a développé, en partenariat avec Veolia, une solution de biosurveillance des milieux aquatiques en eau douce. L'objectif : permettre de surveiller l'impact des rejets de stations d’épuration sur la qualité écologique des milieux aquatiques. Cela permet aussi d’anticiper la qualité des cours d’eau en amont d'un pompage de production d'eau potable pour repérer la présence de micropolluants. Comment ? Grâce aux crevettes d'eau douce, utilisées comme bio-indicateurs. - Étudier les abeilles et la pollinisation comme un indicateur de retour à un environnement sain
Plus un milieu est sain, plus les abeilles sont nombreuses et contribuent à polliniser la flore. Un moyen écologique de mesurer la qualité de l’environnement.
Des champs aux robinets : la révolution verte du bassin versant du Rupt-de-Mad
Le Rupt-de-Mad, source principale d'eau potable sur le territoire du Syndicat des Eaux de la Région Messine (SERM), fait face à des défis de préservation, notamment liés à l'agriculture intensive et aux changements climatiques.
Pour protéger cette ressource, une mission de préservation a été mise en place, incluant la surveillance continue des niveaux de nitrates et l'engagement avec les agriculteurs locaux. Des initiatives innovantes encouragent l'adoption de pratiques agricoles plus respectueuses de l'environnement, comme l'agriculture biologique et le maintien des prairies. Des incitations financières, dont les Paiements pour Services Environnementaux (PSE) subventionnés par l'Agence de l'Eau Rhin-Meuse, offrent aux agriculteurs entre 3000 et 20 000 € par an sur une période de 5 ans pour adopter ces pratiques. Un soutien technique est également fourni.
De plus, des efforts sont faits pour développer des débouchés économiques viables pour les produits agricoles locaux, notamment à travers la restauration scolaire et la promotion de marques locales. Des expérimentations sont également menées pour diversifier les cultures et l'utilisation des produits agricoles.
Le point de vue
« La double expertise de Veolia sur la gestion opérationnelle du petit cycle de l'eau, en qualité et traitement, et avec la vision plus large des ressources et des milieux, et la gestion dynamique des flux hydrauliques, est un atout majeur pour accompagner et aider les collectivités dans la gestion complète des équilibres du cycle de l'eau.
Elles peuvent ainsi garantir les meilleures conditions de vie aux habitants, et leur permettre de bénéficier d'eaux saines, de milieux aquatiques préservés et d'eaux de baignade de qualité. Elles peuvent protéger efficacement les ressources, recréer des zones humides et des zones de fraîcheur par les solutions fondées sur la nature. »
Marie-Christine Huau, Directrice de marché, Veolia Eau France
Piloter et mesurer
La reconquête de la qualité des eaux et des milieux aquatiques est un processus de moyen terme qui exige une vérification constante de l’impact des mesures qui sont prises.
Les parties prenantes devront définir un plan d’analyse de surveillance de la qualité, qui révèlera la cohérence des plans d’actions par rapport aux objectifs de réduction des pollutions chroniques et diffuses.
Ce type de projet implique une visibilité sur 5 à 10 ans, notamment quand il faut dénitrater la qualité des forages. Deux prérequis au succès devront être réunis :
- adopter une démarche de coproduction fédérant l’action des gestionnaires des services d'eau, du foncier, d'eco-lodges, des agriculteurs...
- s'inscrire dans le temps en développant des contrats de gestion dans la durée.
Wingles : des abeilles comme sentinelles de la qualité de l'environnement
Veolia, en coopération avec Bloom'Act, entretient plusieurs ruches près d'un de ses points de captage, situé à Wingles, dans le Pas-de-Calais.
En plus des analyses quotidiennes destinées à répondre aux normes en vigueur, un système de biosurveillance se met en place à travers l'activité des abeilles et des prélèvements effectués dans les cires de la colonie.
Ces prélèvements sont effectués 3 fois par an sur la ruche afin de détecter la présence de polluants indésirables comme des pesticides.
En cas de détection, il est possible de lancer des actions complémentaires de recherche afin de déterminer la source de la pollution. Le recours aux abeilles comme bioindicateur de la qualité de l’environnement et des sols est une technique à la fois symbolique et efficace !
Notes et références
1 Ministère de la Transition écologique, de l'Énergie, du Climat et de la Prévention des risques, Chiffres clés des risques naturels, édition 2023
2 Ibid.
3 Ministère de la Transition écologique, de l'Énergie, du Climat et de la Prévention des risques, La pollution des eaux superficielles et souterraines en France, 2023