Rafraîchir les villes sans réchauffer la planète

Le réchauffement climatique s’est aujourd’hui invité dans le quotidien des Français. Parmi les conséquences les plus directement et largement ressenties, figure l’augmentation des températures. Les Français doivent supporter des vagues de chaleur de plus en plus fréquentes, et de plus en plus intenses. Face à ce constat, comment démocratiser la fraîcheur et donner à tous des conditions de vie supportables ? Comment, dans le même temps, éviter la multiplication des climatiseurs individuels, l'explosion de la consommation d’énergie et la mise en place d’un cercle vicieux pour le climat.
Jeune garçon jouant dans une fontaine à eau en ville

Comment rafraîchir les villes sans réchauffer la planète ? Les acteurs locaux ont un rôle majeur à jouer. Adaptation des bâtiments, solutions naturelles, évolution des comportements, réseaux de froid… c’est dans les territoires que les solutions peuvent prendre corps.

Propositions pour vos projets de territoires

Pour 2026, vous pouvez vous engager à :

  •  Proposition n°56  Mettre en place un programme “Fraîcheur en ville” pour lutter contre les îlots de chaleur urbains, combinant notamment la végétalisation des espaces publics et le déploiement de pavés rafraîchissants dans les zones piétonnes. L'objectif est de réduire la température ressentie de 2°C en moyenne dans les zones urbaines les plus exposées d'ici 2030.
  •  Proposition n°57  Mailler le territoire d’un réseau de fontaines à eau Neo, héritière des fontaines qui font le patrimoine historique de nos villes et adaptées aux nouveaux usages de sobriété, de mobilité et de rafraîchissement.
  •  Proposition n°58  Développer un réseau urbain de chaud et de froid innovant, utilisant des énergies renouvelables et des énergies de récupération décentralisées (géothermie, chaleur fatale des data centers, etc.) pour chauffer et climatiser les bâtiments publics et les logements sociaux. Ce projet permettra de réduire la consommation énergétique liée à la climatisation dans la commune d'ici 2030.
  •  Proposition n°59  Lancer un programme de coaching climatique pour permettre à tous de préserver sa santé et son bien-être face aux vagues de chaleur, incluant des ateliers pratiques et un programme de gamification pour encourager les bonnes pratiques.

> Retrouvez les 70 propositions pour vos nouveaux projets de territoire

Les faits

2022, année la plus chaude en France
suivie par l'année 2023 (1)

14,4 °C
Avec une température moyenne de 14,4 °C, l’anomalie thermique sur l’année 2023  atteint +1,4 °C (par rapport aux normales 1991-2020). (2)

2 à 3°C
Les espaces urbanisés sont particulièrement sensibles. Selon Météo France, il fait en moyenne 2 à 3°C de plus la nuit à Paris que dans les zones rurales les plus proches.

Les conséquences

Plus de 5 000 décès
dus à  la chaleur durant la canicule de l’été 2023 (3)

0,6%
La canicule de 2023 a engendré une baisse de près de 0,6% du PIB mondial. (4)

Les prévisions

De 1,6 milliards à 5,6 milliards
Sous le double effet du développement de la classe moyenne dans le monde et du réchauffement climatique, on estime que le nombre de climatiseurs utilisés pourrait passer de 1,6 milliard à 5,6 milliards à l'horizon 2050 !

Zoom sur le Plan national d'adaptation au changement climatique

La France est l'un des pays les plus avancés en matière de planification de l’adaptation au changement climatique. En effet, elle s'est dotée en 2011 de son premier Plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC) pour une période de 5 ans.

Les travaux sont en cours pour l’élaboration d'un 3e Plan national d’adaptation au changement climatique pour la période 2024-2028, une consultation aura lieu à l’automne 2024. Le projet de document est articulé autour de quatre grands axes afin d'assurer la :

  • Protection des personnes : englobant des mesures pour garantir la sécurité et le bien-être des citoyens face aux changements climatiques.
  • Préparation des territoires : axé sur la continuité des infrastructures et des services essentiels, ce volet s'attache à renforcer la résilience locale.
  • Résilience de l’économie : visant à assurer la stabilité économique en anticipant et en adaptant les secteurs productifs aux nouveaux défis climatiques.
  • Préservation des milieux naturels et du patrimoine culturel : s'articulant autour de la protection des écosystèmes et du maintien de la richesse culturelle face aux impacts du changement climatique.

Une des mesures mise en avant dans ce cadre est la nécessaire adaptation des logements au risque de forte chaleur. Ainsi, concernant les logements neufs, dans l'hexagone, la réglementation environnementale RE2020 prend en compte depuis 2022 le confort d'été en mettant en place un seuil réglementaire à respecter, et encourage les solutions de refroidissement naturelles et peu consommatrices en énergie. Il s'agit également de déployer à grande échelle les technologies de froid renouvelable en faisant la promotion, dans les territoires, des réseaux de froid renouvelable.

Valoriser les solutions disponibles dans les territoires, notamment celles liées au cycle de l'eau

Le défi de la fraîcheur ne doit pas être traité qu’à l'échelle du bâtiment : il doit au contraire s’inscrire dans une réflexion plus large, au niveau du quartier, de la ville, de l'intercommunalité, de l'ensemble du bassin de vie. La connaissance du tissu local et des spécificités du territoire doit pouvoir s'appuyer sur une vision technique et des expertises fines pour apporter les meilleures réponses.

Le cycle de l'eau est une source de fraîcheur dès lors qu'il est valorisé de façon raisonnée et adéquate en ville.

Plusieurs types d'actions peuvent structurer une action locale en la matière :

  • Réaliser une étude d’approche pour cartographier le territoire
    L'analyse détaillée du tissu local est pour identifier les besoins en chaleur et en fraîcheur.
  • Détecter les îlots de chaleur
    La cartographie initiale permettra d'identifier, au sein d'un quartier, d’une ville, d'une communauté de communes, les points critiques sur lesquels les efforts de rafraîchissement doivent être concentrés.
  • Exploiter et valoriser les eaux usées pour chauffer et climatiser
    Les eaux usées ne sont pas définitivement perdues. Elles peuvent être employées pour alimenter des dispositifs de production de chaleur et/ou des réseaux de froid.
  • Repenser la ventilation et la circulation de l'air dans les bâtiments
    Lors de la rénovation de bâtiments communaux ou d’habitats collectifs, il convient de mettre en œuvre des solutions de ventilation prenant en compte la qualité d’air intérieur et la montée des températures pour prendre en considération la multiplication et l'intensification des épisodes de chaleur.
  • Végétaliser des espaces pour emprisonner la fraîcheur
    La végétalisation horizontale et verticale a un impact important sur les performances thermiques des bâtiments et sur l’environnement urbain en été comme en hiver.
    Les plantes jouent le rôle de filtre solaire qui limite l’absorption excessive de rayonnement thermique par les matériaux de surface dont la température est abaissée.
  • Miser sur la brumisation pour absorber la chaleur
    La vaporisation de l'eau absorbe de la chaleur. Ce phénomène permet ainsi de diminuer la température autour du système de brumisation. Il en résulte alors une baisse de température de l'air. En recourant à la brumisation sur certaines zones urbaines, toutes les populations peuvent bénéficier d’un peu de fraîcheur. Les buses, dont la consommation d’eau n’excède pas 0,08l/minutes ne brumisent pas en continu mais seulement le tiers du temps.
  • Miser sur la revalorisation des cours d'eau
    Comme cela a été fait au Bassin de la Villette à Paris, il est possible de déployer des aménagements végétalisés et en créant des zones de baignade qui contribuent à la baisse des températures en environnement urbain. 

A Issy-les-Moulineaux, 1 250 logements chauffés et rafraîchis grâce aux eaux usées.

La commune d'Issy-les-Moulineaux a attribué à Veolia la concession pour le développement du réseau de chaleur et de froid à partir d’eaux usées sur le périmètre de la ZAC Léon Blum.

Le contrat, en vigueur depuis janvier 2022,  prévoit la conception, la réalisation, le financement et l’exploitation d'une réseau tempéré qui pourra alimenter en chaleur et en froid les 1 250 logements, raccordé à partir de l’énergie récupérée des eaux usées du collecteur d’assainissement départemental qui traverse la ZAC. 
Une fois les 7 bâtiments raccordés, à horizon 2028, ce sera 900 tonnes de CO2 qui seront évitées chaque année.

Neo : la fontaine connectée qui rafraîchit les villes et combat les îlots de chaleur urbains

fontaine NEO

La borne Neo - née de l'alliance entre Veolia et Bayard, est une fontaine connectée qui a pour objectifs de lutter contre les îlots de chaleur urbains et favoriser l’accès à l’eau en ville tout en privilégiant les économies sur cette ressource.

Cette innovation s'inscrit dans la riche histoire de nos mobiliers urbains, perpétuant la tradition des fontaines Bayard qui, depuis plus d'un siècle, font partie intégrante du paysage de nos villes. La borne Neo allie ainsi l'héritage du savoir-faire historique de Bayard avec les technologies modernes et l'expertise en gestion de l'eau de Veolia.

Neo réinvente l'eau grâce à ses trois fonctionnalités: brumisation, remplissage des gourdes et un jet inversé.

Neo répond aux enjeux d’économie d'eau puisqu'elle permet de paramétrer tous les volumes d’eau distribués : temps de la brumisation, durée du jet inversé, débit du robinet. La collectivité peut ainsi suivre les volumes consommés à distance sur une plateforme dédiée. Elle peut également recevoir des alertes de maintenance lorsque la borne rencontre un problème technique. En option, il est possible de prévoir une infiltration de l’eau dans le sol grâce à des pavés réalisés à base de coquillages.

La fontaine intègre un volet santé et garantit l'eau pour tous. Avec  une hauteur de 120 cm, elle est accessible aux personnes à mobilité réduite puisque son robinet est au niveau des chariots roulants. Sa fonctionnalité hors gel permet également de subvenir aux besoins essentiels et fondamentaux des personnes sans domicile fixe, dont le seul point d’eau peut parfois être dans la rue. Les fontaines publiques sont généralement fermées l’hiver pour éviter le gel des équipements.

Enfin, son installation à proximité des pistes cyclables, des voies piétonnes, des transports en communs et des voies vertes favorise le développement des mobilités actives.

Le village olympique rafraîchi grâce aux pavés rafraîchissants

Pendant la période des Jeux, à l'été 2024, les usagers du Village Olympique de Paris ont pu profiter d’une surface rafraîchie de 300 m² totalement revêtue de pavés rafraîchissants, qui assurent une baisse de la température ressentie d’environ 5°C, devant le site Olympique.

Ces pavés sont rafraîchis par un ingénieux système de canalisations qui injecte les eaux pluviales collectées et stockées sous la chaussée avant d’être utilisées également pour alimenter des bacs végétalisés le long du trottoir. Le système est autonome grâce à l’utilisation d’un automate et d’une station météo permettant le déclenchement des cycles d’humidification.

« L'école d’ingénieurs de Caen a développé un pavé biosourcé à base de coquille Saint Jacques, et commercialisé par la société Alkern. Cela nous permettra de mettre en place une filière plus pérenne et plus respectueuse de l'environnement », précise Julien Grimaud, chef de projets pour Seureca, Veolia.

L'intervention à vos côtés de bureaux d'étude spécialisé comme Seureca de Veolia, pour analyser le tissu local au cas par cas afin de comprendre, identifier et valoriser le potentiel existant, vous permettra d'identifier des solutions innovantes pour un accès durable et partagé à des espaces de fraîcheur.


Déployer des solutions de fraîcheur douce dans les bâtiments

La climatisation doit être envisagée comme un recours ultime lorsque les autres leviers envisageables ne peuvent plus être actionnés.
Afin de briser les îlots de chaleur, les élus et les acteurs locaux peuvent agir à l’échelle des bâtiments et des territoires en envisageant d’exploiter les solutions naturelles, en repensant les réseaux de froid et enfin en agissant sur le comportements individuels.

Pour cela, il est indispensable de :

  • Distinguer les besoins de refroidissement, de rafraîchissement et de climatisation pour y répondre spécifiquement et efficacement
    Dans un bâtiment, comme à l’échelle d’un quartier ou d’une ville, les besoins varient. Certaines infrastructures comme un data center doivent impérativement être climatisées. En revanche, toutes les zones d’un établissement n’ont pas vocation à l’être. Le rafraîchissement, obtenu par une meilleure circulation de l’air (par la ventilation) peut parfois suffire pour répondre aux besoins de certains locaux.
  • Végétaliser les bâtiments
    Pour contribuer à lutter contre les îlots de chaleur, la végétalisation des bâtiments est une voie à prendre en considération : les toitures végétales peuvent réduire la consommation d’énergie de 10 à 15 %.
  • Engager une réflexion urbanistique forte lors de la rénovation de bâtiments/quartiers
    • Lorsque des travaux importants doivent être réalisés dans un édifice ou à l’échelle d’un quartier, il s'agit d'identifier les besoins réels et les sources d’énergie potentiellement valorisables au travers des réseaux urbains de froid.
    • Identifier les sources de fraîcheur valorisables à l'échelle du bâtiment ou du quartier, en exploitant notamment les eaux pluviales et les eaux grises, ainsi que par l'implantation potentielle d'un réseau de froid urbain
    • Centres commerciaux et implantations industrielles sont en quête de solutions pour valoriser des effluents (eaux usées, chaleur…) et contribuer à la production de froid, tout en réduisant leur empreinte énergétique.
Bâtiment végétalisé

Mettre en place des réseaux de froid

Aujourd'hui, la production de froid et l'utilisation d'appareils de climatisation représentent une part non négligeable de la consommation électrique française, et cela va en augmentant. L'accès à ces solutions reste par ailleurs onéreux, et de fait réservé à ceux qui disposent de plus de moyens.

Alors que la hausse des températures et la multiplication des épisodes caniculaires renforcent les besoins de climatisation, les réseaux de froid apparaissent comme une réponse pertinente, pour démocratiser l'accès à la fraîcheur et produire du froid à partir d’énergies renouvelables.

Ces réseaux ont vocation à produire du froid qui sera alors acheminé dans des locaux professionnels ou des bâtiments accueillant du public (comme des hôtels ou des aéroports par exemple). Il existe à ce jour 40 réseaux de froid (5) en France, ce qui permet à l'Hexagone de revendiquer la place de leader européen de la distribution de froid.

Une commune ou une communauté de communes peuvent se raccorder à un réseau de froid pour ses locaux et bâtiments publics. Elles peuvent également développer leur propre réseau de froid. Dans ce cas, les administrés et les bailleurs sociaux auront la possibilité de s’y raccorder.

Il conviendra alors d’installer une sous-station et un réseau secondaire qui assurera le rafraîchissement des édifices.
Selon le Code de l’énergie, une collectivité peut rendre obligatoire le raccordement des nouvelles constructions à un réseau de froid existant ou en cours de déploiement.

À l'occasion de la rénovation ou de la création d'un quartier, ce dispositif contribuera à briser les îlots de chaleur, à créer des synergies locales et à maîtriser les dépenses liées à l'accès au froid en apportant une réponse pérenne aux besoins de climatisation.

Réseau froid

Réseau de froid : qu'est-ce que c'est ?

Pour faire baisser la température (ou la réguler) dans certains bâtiments ou infrastructures, il faut s’appuyer sur un réseau de froid. Constitué d’une ou plusieurs unités de production d’énergie, le réseau de froid exploite un circuit de distribution au sein duquel circule un fluide caloporteur.
Ce fluide, qui transite dans un ensemble de sous-stations d’échange, alimente un réseau de distribution secondaire pour desservir l’ensemble du bâtiment.
 

Paris-Saclay : pionnier du froid urbain 100% renouvelable

Le réseau de 5e génération de Paris-Saclay, opéré par Veolia, est une infrastructure urbaine d'échanges d'énergie, unique en Europe.

Il repose sur une boucle tempérée qui relie des sous-stations décentralisées, permettant aux bâtiments raccordés de devenir tour à tour producteurs ou consommateurs de chaleur et de froid. Ce système innovant combine différentes sources d'énergie renouvelable et de récupération, notamment la géothermie profonde, la chaleur fatale issue du supercalculateur du CNRS, et la récupération de chaleur du réseau de froid. Cette approche permet d'optimiser l'utilisation des ressources énergétiques locales et de réduire significativement l'empreinte carbone du campus urbain.

Le réseau, qui s'étend déjà sur 25 km et dessert 650 000 m2 de surface, vise à doubler sa capacité d'ici 2028. L'objectif est d'atteindre une production annuelle de plus de 100 GWh de chaleur et 20 GWh de froid, équivalant à la consommation moyenne de 10 000 foyers. Un aspect remarquable de ce projet est son engagement à maintenir un taux d'énergie renouvelable et de récupération supérieur à 50%, garantissant ainsi une production de chaleur majoritairement décarbonée.

Le système, piloté de manière automatique 24h/24 et 365 jours par an, démontre l'efficacité et la fiabilité des réseaux énergétiques intelligents de nouvelle génération.

Ce projet exemplaire, soutenu par l'ADEME et le programme Interreg NWE, positionne Paris-Saclay comme un leader dans l'innovation énergétique urbaine, offrant un modèle reproductible pour d'autres villes en quête de solutions durables.

Le point de vue expert

L'enjeu de la fraîcheur ne peut plus se contenter de solutions ponctuelles. Face aux changements climatiques, il faut faire du rafraîchissement urbain un projet au long cours, afin de faire naître des synergies entre bâtiments ou quartiers et valoriser des gisements de fraîcheur inexploités. Veolia s’appuie sur une expertise mondialement reconnue dans ses trois principaux métiers que sont le recyclage et la valorisation des déchets, l’eau et l’énergie.

Mettre en place un réseau urbain de chaleur ou de froid qui valorise des énergies issues d’incinérateurs, de géothermies, de récupération sur eaux usées ou aquifère, d'effluents industriels ou encore de data centers constitue un savoir-faire unique et une expertise intégrée sur lesquels les élus locaux peuvent compter.

Pierre-Antoine Picard, Directeur de Projets Energie - Veolia


Adapter nos comportements individuels et collectifs

Avoir une vision à long terme de la fraîcheur, c'est aussi faire prendre conscience à chacun qu'il a un rôle à jouer, pour adapter ses comportements et faire face aux changements climatiques irréversibles. Pour résoudre l'équation, il faut adopter les bons réflexes fraîcheur pour améliorer naturellement le quotidien et, parallèlement, minimiser l'énergie nécessaire à la production de froid pour ne pas contribuer à l'augmentation des émissions de gaz à effet de serre.

Les élus et les responsables locaux peuvent s’engager en mettant en place des plans d’actions appropriés :

  • Organiser des campagnes de sensibilisation énergétique
    Réunions d'informations citoyennes, animations dans les groupes scolaires, ateliers de sensibilisation des populations seniors sont des leviers d’actions simples et efficaces pour aider les administrés à mieux vivre les épisodes de chaleur tout en réduisant l'impact environnemental de la quête de fraîcheur.
  • Effectuer du coaching énergétique auprès des agents (communaux, territoriaux) et des citoyens
    Sensibiliser les agents de terrain aux bonnes pratiques pour se préserver de la chaleur et optimiser la fraîcheur dans les locaux communaux qui contribueront à réduire l'impact environnemental de la quête de fraîcheur.
  • Piloter la performance fraîcheur au même titre que la performance énergétique
    L'Hubgrade de Veolia, qui collecte, analyse et valorise les données pour donner un cap à votre action et suivre son impact.
    Dans tout projet de production de fraîcheur, il y a un usage de l'eau, soit comme source de fraîcheur immédiate, soit comme alimentation d'une solution de production de froid. Le savoir-faire et la maîtrise de l'eau de Veolia est un atout majeur au service des collectivités.
     

LE GAMING ET LES NUDGES, UN AUTRE MOYEN DE SENSIBILISER

Nudge

Pour gagner en efficacité, il est possible d’impliquer chacun de manière plus ludique, qu'il s'agisse des citoyens ou des professionnels, dans les entreprises ou les collectivités.

L'objectif : permettre une meilleure compréhension des enjeux de la consommation d'énergie liée à la fraîcheur, au chauffage et à l'électricité, et assurer une transformation durable des comportements.

L'acquisition de nouveaux réflexes pour faire face aux changements climatiques tout en agissant durablement ne passe pas forcément par une pédagogie contraignante.

Un des premiers leviers à explorer est d’ailleurs celui de la compréhension de l’ensemble des freins réels à l’adoption du comportement désiré.

  • Au début des années 2010, le gouvernement britannique a lancé une campagne permettant à ses administrés de faire isoler leur grenier à moindre coût, avec une efficacité limité…
    La Nudge Unit du gouvernement (the Behavioral Insight Team) a alors proposé un léger changement à ce programme en proposant de subventionner un service d’aide au débarrassage des greniers en question, à condition que les propriétaires s'engagent ensuite à le faire isoler. Cela a multiplié par 3 le nombre de foyers isolant leur grenier.
    En couplant les 2 aides (au débarrassage puis à l’isolation), on multiplie par 5 le nombre de foyers participant à l’opération!
  • Un message bien formulé peut également avoir beaucoup d’impact, s’il réussit à cerner les motivations réelles de la communauté à laquelle il s’adresse. 
    Des chercheurs de l'Université du Vermont ont testé plusieurs messages incitant les citoyens à moins consommer durant des pics de consommation énergétique. 
    C'est la motivation d’un comportement prosocial (c'est-à-dire soulignant que les habitudes énergétiques des consommateurs individuels peuvent bénéficier à l'ensemble de la communauté) qui a été le plus efficace. Les 16 000 foyers destinataires du message à Burlington, Vermont ont diminué leur consommation énergétique de 13.5% lors du pic de consommation.

Une deuxième façon efficace d’accompagner les citoyens sur cette problématique spécifique va être de les aider à matérialiser leur consommation

En effet, l'énergie est un flux immatériel, contrairement à l'eau, et il est donc difficile de se représenter ce qu'on consomme réellement. Par ailleurs, notre consommation est traditionnellement exprimée via 2 marqueurs : l’argent (montant de la facture) qui fluctue en fonction de multiples facteurs et qui est donc peu fiable, et en KW, une donnée fiable, mais à laquelle l’immense majorité d’entre nous est incapable de donner du sens.

Dans ce cadre, des fournisseurs d’énergie comme Opower aux USA ou EDF en France ont mis en place des factures ou applications de suivi de la consommation qui permettent à chacun de situer sa consommation par rapport à celle de foyers similaires (en taille et géographiquement). Ainsi, on peut donner du sens à sa consommation grâce à ce qu’on appelle un effet de cadrage en Sciences Comportementales: me situer par rapport aux autres me permet de savoir si je consomme beaucoup, ou pas.

Une autre façon efficace de matérialiser les flux est de mettre en place des prises lumineuses, qui changent de couleur quand un appareil consomme de l’electricité. L'intensité lumineuse variant en fonction de l’intensité de la consommation, on prend mieux conscience de sa consommation réelle, et l'on peut mieux adapter ses comportements.

Le par défaut et la gamification, une troisième voie efficace

Dans les lieux publics (lieux de travail, écoles par exemple), où la dimension économique liée à la consommation d'énergie n'est pas une source de préoccupation des occupants et où la dilution de responsabilité fait qu'on est moins susceptibles d'adopter les bons gestes en matière énergétique, deux stratégies sont possibles.

Le ‘par défaut’ consiste à ne pas chercher à faire en sorte que les personnes modifient leur comportement, mais à ‘faire à leur place’, en leur laissant ensuite la possibilité de défaire. C'est la méthode choisie pour les imprimantes aujourd’hui paramétrées ‘par défaut’ en recto-verso et noir et blanc. Libre à chacun ensuite de modifier les paramètres. En matière énergétique, il s'agit alors de supprimer les interrupteurs et de mettre en place des détecteurs de mouvement, de paramétrer les chauffages par défaut à 19 degrés… Attention cela dit, un système qui fonctionnerait mal risquerait de générer une réactance et donc des comportements inverses à celui désiré (il fait froid, donc j’apporte mon radiateur bain d'huile ou la lumière s'éteint sans cesse, donc j’allume une lampe halogène).

Enfin, certains publics sensibilisés à la cause environnementale (enfants mais aussi collaborateurs d’entreprise) seront sensibles à une gamification de leur environnement, par exemple avec des interrupteurs permettant de remettre un ours polaire sur sa banquise ou de remettre un poisson dans son bocal lorsque la lumière est éteinte. 
Pour des collaborateurs d'entreprise, des systèmes similaires existent, autour de l'imaginaire de l'usine par exemple.


Notes et références

1 Météo France, Rapport d'activité, 2023
2 Ibid
3 Santé publique France, Bilan canicule et santé : un été 2023 marqué par 4 épisodes de canicule, avec un impact sanitaire important
4 Selon l'assureur-crédit Allianz Trade
5 Ademe, Les réseaux de chaleur/froid pour une entreprise, 2023