Avec l'agriculture urbaine et périurbaine, nourrir les villes autrement

Sensibles aux questions de santé alimentaire et d'écologie, les “locavores”, ces Français qui ne consomment que de la nourriture produite à moins 200 km, sont toujours plus nombreux. De plus en plus nombreux aussi sont ceux qui s’interrogent sur la provenance de ce qu’ils mangent, et l’impact que leurs choix en matière d'alimentation ont sur l'environnement, la santé et l’économie d’un territoire. Parallèlement, l'agriculture urbaine et périurbaine permet d'envisager d'aller encore plus loin. Les premières expériences démontrent leur potentiel pour alimenter un territoire, contribuer à un impact environnemental positif, mais aussi recréer du lien social, favoriser l’emploi local et la réinsertion. Certains territoires sont à la pointe, en associant architectes et ingénieurs, associations et collectifs de citoyens, pour donner corps à l'agriculture urbaine et renouveler la manière de vivre la ville.
homme et femme dans un champ, agriculture urbaine

Propositions pour vos projets de territoires

Pour 2026, vous pouvez vous engager à :

  •  Proposition n°30  Lancer un programme "Fermes urbaines pour tous" visant à créer un réseau de fermes urbaines et périurbaines sur votre territoire d'ici 2030. Ce programme inclut l'utilisation d'espaces vacants tels que les toits, les friches industrielles et les espaces verts pour la production alimentaire locale, ainsi que la création d'emplois et le renforcement du lien social.
  •  Proposition n°31  Créer un "Incubateur d'agriculture urbaine et d'insertion" pour former des personnes éloignées de l’emploi dans le domaine de l'agriculture urbaine, en partenariat avec des associations locales et des entreprises sociales, afin de rendre possible la production alimentaire locale et durable.
  •  Proposition n°32  Mettre en place une "Alliance alimentaire locale" pour développer les collaborations entre producteurs locaux, agriculteurs urbains et consommateurs. Elle permettra de multiplier les circuits courts de distribution, l'intégration de produits locaux dans la restauration collective, et déploiera des campagnes de sensibilisation sur les avantages de l'alimentation locale.

> Retrouvez les 70 propositions pour vos nouveaux projets de territoire

Les faits

22% 
C’est la part de l’alimentation dans l’empreinte carbone de notre consommation totale. C’est le 3ᵉ poste le plus émetteur de gaz à effet de serre, après le transport (30 %) et le logement (23 %).

46
des émissions sont associées aux importations.

+ 70%
D'ici 2040, nourrir 9,5 milliards d’habitants nécessitera d’augmenter de 70% la production agricole totale, alors que la fertilité globale des sols décroît continuellement (1)

80%
de la nourriture sera consommée en ville en 2050.

Plus de 20 000 hectares
Chaque année, en France métropolitaine, plus de 20 000 hectares d’espaces naturels, agricoles et forestiers sont artificialisés soit l'équivalent de la ville de Marseille (2)

Les leviers

8 Français sur 10
pensent que manger local peut aussi réduire l'impact de l'activité humaine sur l'environnement (1).

80 à 160 milliards de dollars
Telle pourrait être la valeur de la végétation urbaine mondiale avec la mise en œuvre intensive de l’agriculture urbaine. Elle est aujourd’hui estimée à 33 milliards de dollars par an - économies d’énergie, rétention d’azote, lutte contre le ruissellement des eaux pluviales, etc.

50 kg
La Food and Agriculture Organization (FAO) estime qu'il est possible de produire jusqu'à 50 kg par m2 et par an de produits frais, fruits et légumes en milieu urbain.

Plants salade

 
Agriculture urbaine et périurbaine : une synergie pour des villes durables et résilientes

L'agriculture urbaine et l'agriculture périurbaine sont deux concepts étroitement liés qui jouent un rôle croissant dans le développement durable des villes et de leurs périphéries. Bien que distinctes, ces deux formes d'agriculture partagent de nombreux points communs et se complètent mutuellement pour répondre aux besoins alimentaires des populations urbaines tout en contribuant à la résilience des systèmes alimentaires locaux.

L'agriculture urbaine, pratiquée au cœur des villes, se caractérise par des initiatives telles que les jardins communautaires, les potagers sur les toits, ou encore les fermes verticales. Elle permet de verdir les espaces urbains, de sensibiliser les citadins à l'importance de l'alimentation locale et de créer des liens sociaux au sein des communautés.

L'agriculture périurbaine, quant à elle, se développe dans les zones de transition entre la ville et la campagne. Elle joue un rôle crucial dans l'approvisionnement alimentaire des villes en fruits, légumes et autres produits frais, tout en préservant les espaces verts à proximité des zones urbaines.

L'agriculture périurbaine peut fournir des ressources et des connaissances aux projets d'agriculture urbaine, tandis que les initiatives urbaines peuvent sensibiliser les consommateurs à l'importance de soutenir les producteurs locaux périurbains. Ensemble, elles contribuent à réduire la distance entre producteurs et consommateurs, à améliorer la sécurité alimentaire des villes et à promouvoir des pratiques agricoles plus durables. De plus, elles participent à la création d'un continuum vert entre la ville et la campagne, favorisant ainsi la biodiversité et la qualité de vie des habitants des zones urbaines et périurbaines.

Agriculture périurbaine 
La Ferme du Fort : un projet de permaculture de 14 hectares à proximité de Lille

La Métropole européenne de Lille, via son site d'excellence Euralimentaire, et Veolia conduisent depuis 2017 un projet destiné à rapprocher production et consommation, et à vérifier que ce modèle peut participer aux ambitions nationales de relocalisation d'une partie de notre alimentation en fruits et légumes à l’échelle d'un territoire. 
Sur un site de 14 hectares, La Ferme du Fort a l’ambition de produire 145 tonnes par an de fruits et légumes biologiques frais afin de renforcer la souveraineté alimentaire du territoire. 

Le modèle retenu est celui du maraîchage bio-intensif, un maraîchage biologique très diversifié et peu mécanisé. C'est un modèle pertinent pour positionner la ferme au plus proche de la ville.

Ce projet permet de :

  • Prouver la capacité de la permaculture à passer à plus grande échelle, avec 200 variétés de fruits et légumes produites chaque année 
  • Développer des circuits courts pour proposer aux Lillois davantage de produits locaux répondant aux meilleures conditions écologiques 
  • Partager avec l'écosystème agricole l’expérience des solutions éprouvées

S'engager dans des projets d'agriculture urbaine 

Le milieu urbain présente bien des atouts favorables au développement d'une agriculture de proximité :

  • de nombreux espaces vacants sont susceptibles d’être exploités à des fins de production ultralocale : les toits, les friches industrielles et les espaces verts sont autant de surfaces agricoles potentielles à valoriser.
  • le grand nombre de consommateurs potentiels à proximité assure un débouché important. C’est aussi une activité pédagogique, qui permet aux consommateurs de se réapproprier la phase de production de l’alimentation, d’avoir accès à des produits locaux et de les inciter à modifier leurs régimes alimentaires en allant vers plus de durabilité.
  • le taux de CO2 élevé que l’on trouve en ville est très bénéfique à la croissance des végétaux - son absorption permettant de réduire les émissions nettes de CO2 des villes,
  • les températures, en général supérieures de 2 à 3°C en comparaison des campagnes environnantes, sont également bénéfiques pour les productions maraîchères urbaines ou périurbaines,
  • les matières organiques présentes dans les déchets ménagers des citadins ou les eaux de ruissellements peuvent être employées à des fins d’alimentation et d’irrigation… ou encore valorisées en énergie nécessaire à la production. En valorisant des ressources d’habitude inutilisées, l’agriculture urbaine s’inscrit résolument dans l’économie circulaire.
Jardinage

Tout est possible ! 

L'agriculture urbaine n'est pas strictement définie. Il peut s'agir, en fonction des besoins de chaque territoire, de fermes et microfermes urbaines, de serres urbaines, d'indoor farming, de jardins associatifs… Autant de projets pour remplir des fonctions variées (alimentaire, économique et sociale, environnementale, paysagère, pédagogique et récréative…).

Dans un avis de 2019, le Conseil économique, social et environnemental (CESE) considère en effet l’agriculture urbaine comme "un outil déterminant pour des villes durables" en mesure de répondre aux enjeux de sécurité alimentaire et climatique, de santé publique et de stabilité sociale.

Mais des conditions bénéfiques pour la production ne suffisent pas à poser un modèle économique. Il faut encore qu'un marché émerge pour ces producteurs urbains. Grâce à des processus de production efficaces et des partenariats locaux, il est possible de déployer un modèle économiquement performant de micro-maraîchage qui se caractérise par quatre avantages clés :

  • un investissement de départ modeste en cas de micro-maraîchage saisonnier,
  • des bénéfices environnementaux, comme la préservation et la restauration de la biodiversité ou la lutte contre les îlots de chaleur, 
  • la perspective de rapprocher les modes de vie urbains et ruraux afin de recréer du lien social,
  • la création des synergies entre la ferme, son bâtiment et son environnement urbain afin de faire émerger une économie circulaire vertueuse pour les acteurs économiques comme les citoyens.

L'agriculture urbaine et périurbaine représentera à l’avenir au mieux quelques pourcents de la production alimentaire mondiale. C'est donc moins pour aider les villes à atteindre l’autonomie alimentaire que pour les nourrir autrement que s'étend l'agriculture urbaine.

"Autrement", c'est-à-dire par des productions de qualité, distribuées par des circuits courts rapprochant producteurs et consommateurs, dans une logique d’approvisionnement durable, avec une empreinte environnementale minime. Au-delà de produire des aliments, elle crée des emplois, tisse des liens sociaux, renforce la résilience face aux changements climatiques et améliore la biodiversité. En redonnant de l’espace à la nature, elle revégétalise la ville et la réintègre dans les grands cycles naturels.

 

Ils l'ont fait !

Le village de Monthyon en Seine-et-Marne va accueillir la plus grande ferme d'élevage de crevettes de France, fruit d'une collaboration entre le Smitom nord Seine-et-Marne, Veolia et Lisaqua - une entreprise proposant un modèle d'élevage de crevettes à faible impact environnemental-. La ferme produira, à compter de 2026, des crevettes fraîches, locales et garanties sans antibiotiques ni conservateurs à destination des restaurants et poissonneries d’Ile-de-France. Ce projet ambitieux vise à produire à terme pas moins de 500 tonnes de crevettes par an.

L'originalité de ce projet réside dans son approche circulaire : l'énergie nécessaire pour maintenir l'eau des bassins d'élevage à 28°C proviendra de l'incinération des déchets ménagers traités par le Smitom. Cette synergie entre gestion des déchets et aquaculture permet non seulement de valoriser les déchets, mais aussi de réduire considérablement l'empreinte carbone liée à l'importation de crevettes.

Grâce à son expertise en matière de déchets et d'énergie, Veolia, aux côtés de ses partenaires locaux, met à profit la chaleur non utilisée pour améliorer la performance énergétique de l'UVE. En plus des 65 000 MWH d'électricité produits chaque année pour l'alimenter ainsi que 13 000 foyers (soit 35 000 habitants), le nouvel échangeur thermique fournira, à terme, la ferme aquacole à hauteur de 30 000 MWh/an de chaleur. La part de chaleur récupérée permettra d'économiser 90 000 tonnes de CO2 sur les vingt années à venir.

Serre jardin partagé

Avec sa surface totale de 4 000m2 - dont 2 000m2 de serres horticoles et pisciculture et 2 000m2 de potager productif - la ferme Abattoir à Anderlecht (Bruxelles) est la plus grande ferme urbaine sur les toits en Europe.

En associant aquaculture (élevage de poissons dans l'eau) et hydroponie (culture de plantes sur un substrat neutre), elle assure une production en "aquaponie" sur le toit d'une halle alimentaire.

Cet écosystème naturel de filtration et de fertilisation ne peut supporter aucun antibiotique ou pesticide, ce qui assure aux clients une sécurité dans la qualité des produits. Veolia, qui a pris une participation dans la Holding BIGH en 2019, apporte son expertise au projet pour ce qui concerne l'optimisation du process aquacole, ainsi que pour la construction de modèles de circularité concernant la gestion de l'énergie, de l'irrigation et de la fertilité.

Agriculture urbaine sur toit d'immeuble

Développer des cultures sur les toits d'Aubervilliers tout en menant un travail d'accompagnement de travailleurs en insertion : c'est le sens du projet Culticime, initié en 2016 par l'association Espaces, qui agit sur les terrains depuis 1994 en animant des jardins partagés ou solidaires, tous gérés selon le principe du Zéro Phyto.

Implantée sur les toits d'un centre commercial, cette expérimentation, bénéficiant d'une expertise agronomique de Topager, une entreprise spécialisée dans les jardins et potagers urbains, et du soutien de Veolia, s'étend sur 2 000m2.

En 2024, 470 paniers ont été livrés. Chaque année, 3 tonnes de légumes, petits fruits et plantes aromatiques sont produits. Cette ferme urbaine fournit ainsi en fruits et légumes les collaborateurs de Veolia et des administrations des Directions régionales de l'économie, de l'emploi, du travail et des solidarités (DREETS) et de la Justice, dont les bureaux sont voisins de la ferme.

 

Se donner toutes les chances de réussir

Les projets pilotes menés par Veolia en matière d’agriculture urbaine ont permis de mettre en avant plusieurs facteurs de succès auxquels il faut prêter particulièrement attention et pour lesquels les collectivités peuvent agir très concrètement :

  • Mobiliser les parties prenantes locales
    Les acteurs du territoire (collectivités, associations, entreprises sociales) sont les premières parties prenantes du projet. Au-delà de la dimension foncière des projets d'agriculture urbaine, une impulsion politique forte, au niveau local comme national, peut considérablement accélérer le changement d'échelle.

    La commande publique joue en effet un rôle moteur dans le déploiement de ces solutions : l'agriculture urbaine contribue à aider les structures de la restauration collective publique à satisfaire l’obligation de 50 % de produits locaux ou sous signes d’origine et de qualité et 20 % bio, imposée par la loi EGalim.

    Qu'il s’agisse d’une collectivité ou d'un acteur économique, la mise en place d’un système participatif avec le soutien technique de Veolia constitue un facteur clé de succès.
     
  • S'associer aux agriculteurs locaux pour favoriser la complémentarité des offres
    Il est crucial de rappeler que l'agriculture urbaine n'a pas la capacité de couvrir l’ensemble des besoins alimentaires de la ville. Cependant, afin de veiller à ne pas bouleverser les équilibres productifs locaux, un travail avec les agriculteurs sur la compatibilité des offres est essentiel à mener pour la réussite du projet. C’est dans ce cadre que l’offre d’agriculture urbaine doit être pensée et mise en œuvre, pour s’inscrire harmonieusement dans le système productif local.
     
  • Structurer la filière alimentaire du territoire
    Développer l'agriculture urbaine nécessite la construction de chaînes alimentaires territoriales, qui passe inévitablement par la construction de collaborations entre différents acteurs, de la production jusqu'à la consommation.
     
  • Assurer la montée en compétences en agronomie
    A type et mode de culture spécifique, savoir-faire adaptés. Les conditions d’exploitation particulières de l'agriculture urbaine exigent des connaissances techniques fines pour valoriser des ressources moins conventionnelles. Les maîtriser est une condition pour assurer la meilleure viabilité économique des projets.
     
  • Sensibiliser à la qualité des produits de l'agriculture urbaine
    La haute qualité des produits issus de l'agriculture urbaine doit être valorisée, au même titre que les avantages environnementaux des techniques sélectionnées par Veolia.
     
    De plus, la compréhension des éventuelles barrières psychologiques concernant les modes de production en intérieur constitue une part essentielle du travail de marketing nécessaire au succès d'un projet d'agriculture urbaine.
     
  • Faire de l'agriculture urbaine un facteur d’insertion et de lien social
    Enfin, le lien avec l'économie sociale et solidaire est essentiel : travailler avec des personnes éloignées de l'emploi, via des structures d'insertion par l’activité économique ou des associations de quartier, permet de réaliser le potentiel de l'agriculture urbaine comme outil d’inclusion pour les territoires.
Champs de tournesols

Des synergies avec les métiers historiques de Veolia

"Pour délivrer son plein potentiel, l'agriculture urbaine a besoin de trois éléments : de l'eau, de l'énergie et des déchets organiques pour enrichir les sols.
Ces trois éléments clés sont au cœur des activités historiques de Veolia qui a vocation à jouer un rôle pivot dans le développement  de cette agriculture.
L'expertise de Veolia en matière sanitaire développée avec les métiers de l'eau légitime le lancement d'activités en lien avec la production alimentaire.
D'autre part, la maîtrise technologique de systèmes circulaires performants constitue un avantage clé pour positionner Veolia comme acteur structurant sur ce futur secteur stratégique.
Les nombreux sites gérés par Veolia recèlent de réserves foncières considérables, avec un accès privilégié aux ressources en chaleur et énergétiques : un potentiel immense pour de futurs projets d'agriculture urbaine, qui nécessite 1 à 1,5 hectares."

Loïc Couttelle, Directeur général Veolia Innove


Notes et références

1 Observatoire de la consommation responsable “Mes Courses pour la Planète”

2 France Stratégie, L’artificialisation des sols : un phénomène difficile à maîtriser