Depuis janvier 2024, le tri à la source des biodéchets est obligatoire pour tous : chaque ménage doit être équipé de solutions de tri adaptées, et compter pour cela sur l'engagement des collectivités où ils habitent. Ce nouveau flux à trier à la source constitue, pour les collectivités, une opportunité de repenser l'actuel service public de prévention et gestion des déchets (SPPGD), en mobilisant le geste de tri du citoyen et en réduisant les flux résiduels.
Et si le vrai défi était de faire d'une contrainte sur le tri des biodéchets une véritable opportunité de repenser entièrement l'organisation territoriale de tous les flux ? Repenser ces flux permet même de mettre en place des circuits courts de valorisation, pour maximiser les économies d’énergie et de transport, et donc le développement plus durable des territoires.
Propositions pour vos projets de territoires
Pour 2026, vous pouvez vous engager à :
- Proposition n°27 Mettre en place un "Plan anti-gaspillage alimentaire" pour réduire de 50% la production de déchets alimentaires dans la restauration publique et encourager l’ensemble des acteurs du territoire (restauration, particuliers, …) à s’engager dans la même dynamique.
- Proposition n°28 Créer une filière locale de valorisation des biodéchets, transformés en engrais pour les espaces verts de la commune et les jardiniers particuliers, renforçant la visibilité des produits valorisés dans la ville.
- Proposition n°29 Lancer un projet pilote de micro-méthanisation sur le toit d'un bâtiment public ou d'un centre commercial de la ville, pour transformer les déchets alimentaires des restaurants en énergie et en compost, et positionner la commune à la pointe des dernières innovation en matière de valorisation des déchets.
> Retrouvez les 70 propositions pour vos nouveaux projets de territoire
L'ambition
- 50% de biodéchets
L'Union Européenne a fixé comme ambition de mieux lutter contre le gaspillage alimentaire pour réduire de 50 % les biodéchets d'ici 2030.
🔎 Que dit la réglementation ?
En France, les pertes et gaspillages alimentaires représentent 10 millions de tonnes par an, dont la valeur est estimée à 16 milliards d’euros. Ce même gaspillage a un coût environnemental non négligeable.
La réduction du gaspillage alimentaire présente des enjeux importants à plusieurs niveaux :
- réduction des impacts environnementaux,
- meilleure maîtrise des coûts,
- réinvestissement dans une alimentation plus durable et sociale.
En termes de volume, le gaspillage alimentaire constitue un gisement supplémentaire de déchets qui pourraient être évités et qui n’auraient donc pas à être traités, limitant les coûts associés pour les acteurs qui en supportent la gestion.
Les pertes et gaspillages alimentaires s’observent sur toutes les étapes de la chaîne alimentaire : de la production à la consommation, en passant par la transformation et la distribution. Pour la phase de consommation, on estime le gaspillage alimentaire à environ 30 kg par personne et par an (dont 7 kg de déchets alimentaires non consommés encore emballés), auxquels s'ajoutent les pertes et gaspillages générés en restauration collective ou commerciale, qu’on estime à 120 grammes en moyenne par convive par repas.
Dans ce contexte, une succession de réglementations adoptées dès 2016 tendent à lutter contre le gaspillage et les pertes alimentaires. La loi anti-gaspillage et économie circulaire (AGEC) vise une réduction d’ici à 2025 de 50% le gaspillage alimentaire en restauration collective et dans la distribution par rapport à 2015 ; et une réduction d’ici à 2030 de 50% le gaspillage alimentaire au niveau de la production, de la consommation, de la transformation, et en restauration commerciale. Pour cela, la loi vient également renforcer certaines dispositions et exigences pour limiter ces gaspillages et pertes, favoriser le don alimentaire et renforcer le suivi et le contrôle de la qualité des denrées redistribuées.
Depuis le 1er janvier 2024, la loi de lutte contre le gaspillage pour une économie circulaire (loi AGEC) généralise le tri à la source, sans seuil minimum, pour TOUS les producteurs de biodéchets, professionnels et particuliers.
Impliquer tous les acteurs de la commune pour faciliter les comportements vertueux
Le meilleur déchet est celui qui n’est pas produit : « Je m'alimente, je produis des déchets, je les collecte et je permets de les valoriser sous forme de ressources utilisables ». Cette dynamique, qui s'inscrit dans un processus d’économie circulaire, implique les habitants dans une démarche vertueuse.
Pour aider chacun à la concrétiser et répondre à ses obligations réglementaires, les collectivités peuvent déployer de multiples solutions : la collecte séparative de biodéchets, le compostage domestique ou partagé - à l'échelle du quartier -, la collecte des biodéchets en points d'apports volontaires, des solutions de valorisation urbaine…
Des solutions qui peuvent avoir un effet préventif : en aidant à prendre conscience de la quantité de biodéchets que nous produisons, elles contribuent aussi à limiter le gaspillage alimentaire.
Veolia porte une attention particulière à cette prise de conscience et à l'implication des usagers dans le geste de tri en accompagnant les collectivités au déploiement d'actions de :
- Communication sur les réseaux ou sur l'espace public ;
- Prévention en animation collective lors d'ateliers ou d'événements territoriaux ;
- Prévention ciblée vers chaque usager grâce au réseau de chauffeurs de collecte des déchets “ambassadeurs” par exemple ;
- Accompagnement au changement.
Personnaliser la stratégie aux spécificités et à la politique globale de chaque collectivité
Chaque territoire est unique. Dès lors, le succès d’une politique de valorisation des biodéchets repose sur une analyse fine des spécificités du territoire avec l'étude des différentes zones qui le composent, de la nature des producteurs de biodéchets, des exutoires déjà présents sur le territoire, de sa démographie et des comportements de ses usagers.
Le tri à la source des biodéchets alimentaires nécessite de combiner plusieurs approches, adaptées au contexte, aux spécificités et aux attentes de chaque collectivité. Elles doivent offrir le meilleur compromis entre respect des obligations réglementaires et maîtrise des coûts.
Métropole du Grand Nancy : les biodéchets collectés notamment en composteurs partagés grutable
Un mix de solutions est déployé par la métropole du Grand Nancy pour adapter le moyen de collecte aux besoins et spécificités du territoire :
- Des abri-bacs installés dans certains quartiers permettent ainsi aux ménages de déposer leurs biodéchets.
- Dans d’autres, des composteurs grutables offrent une solution de proximité avec une fréquence de collecte adaptée.
- Pour les professionnels de la restauration, une collecte douce en vélos électriques sera proposée, grâce aux partenaires locaux de l’économie sociale et solidaire (ESS).
Clermont Auvergne Métropole : la collecte des déchets 2.0 allie technologie et engagement citoyen
La Métropole déploie un mix de solutions adapté à son territoire: des bacs pucés sont distribués aux habitants pour une collecte en porte-à-porte et des points d’apports volontaires permettent également aux habitants de déposer leurs biodéchets récupérés dans des bio-seaux. Par ailleurs, six parcours sont dédiés spécifiquement aux 300 restaurants et métiers de bouche de la métropole.
La qualité et la quantité de biodéchets collectés sont mesurées précisément grâce à des outils digitaux déployés dans les bacs et sur les camions de collecte.
Ainsi, des actions de sensibilisation ciblées peuvent être mises en œuvre pour optimiser les collecte grâce aux chauffeurs - ambassadeurs sur le terrain. En outre, en réduisant significativement les tonnages d’ordures ménagères, il est également possible au bout de quelques semaines de réduire le nombre de passages.
Résultats: des coûts maîtrisés, des flux triés et valorisés !
Piloter via l'analyse de données pour optimiser les prestations et maîtriser le budget
Une fois collectés, comment recycler les biodéchets ?
Pour recycler les biodéchets, il existe deux filières principales de valorisation: le compostage et la méthanisation.
Ces deux filières permettent la production d'un compost naturel et d'un digestat qui ont de nombreux impact positifs sur l'environnement tels que :
- La réduction de l'utilisation d'engrais chimiques ;
- L'amélioration de la fertilité des sols ;
- L'amélioration de la résistance des sols à l’érosion et à la sécheresse ;
- Le développement de la biodiversité ;
- Le stockage du carbone en utilisant le sol comme puits de carbone pour lutter contre le réchauffement climatique.
La méthanisation permet la production d’une énergie verte, le biogaz, qui peut être :
- réinjecté dans le réseau public de gaz
- utilisé localement en source d'électricité ou de chaleur
- transformé et utilisé en biocarburant.
La valorisation des biodéchets favorise une gestion plus durable des déchets alimentaires et déchets verts.
Le Bio'Pôle de Villeneuve-Saint-Georges : un maillon essentiel dans la valorisation des déchets alimentaires en Île-de-France
Le Bio'Pôle, situé à Villeneuve-Saint-Georges dans le Val-de-Marne, est un centre de traitement des déchets alimentaires desservant la petite couronne parisienne et ses environs. Sa mission: massifier les biodéchets sur un site dédié et agrée, et les préparer pour leur transformation ultérieure en biogaz et en fertilisants.
Le centre traite les déchets alimentaires provenant de divers syndicats de traitement des déchets, dont le Syctom et le Sigidurs. Le processus de traitement comprend plusieurs étapes : les biodéchets conditionnés sont mélangés et envoyé dans l’unité de déconditionnement qui permet de séparer d’un côté le packaging (les refus) et de l’autre côté la matière organique (la soupe)
La soupe obtenue est ensuite envoyée vers des méthaniseurs à proximité. Le Bio'Pôle assure une qualité constante du produit sortant, ce qui est important pour les agriculteurs qui utilisent le digestat issu de la méthanisation comme fertilisant.
Ce centre s'inscrit dans la chaîne de gestion des déchets de la région, contribuant à la valorisation des biodéchets en ressources pour l'agriculture et la production d'énergie.
Un exemple de méthanisation territoriale à visée agricole
En Loire-Atlantique, l'activité agriculture de Veolia a fait en 2018 l'acquisition d’une unité de méthanisation appartenant à deux agriculteurs
Les installations ont été améliorées pour optimiser la performance du méthaniseur, et l'injection de biométhane dans le réseau de gaz a été mise en place. La production de biogaz a doublé depuis cette acquisition grâce à une optimisation des intrants plus méthanogènes et à une révision du contrat d'injection. La production représente aujourd'hui les besoins en gaz de plus de 5 500 foyers.
Cet exemple est emblématique d'une démarche de valorisation de proximité : il s'agit de concevoir ou d'améliorer des unités de petites tailles d'une capacité de traitement d'environ 20 000 tonnes par an.
Dédiées aussi bien aux déchets des agriculteurs qu'aux biodéchets des collectivités et des industriels, ces unités permettent à la fois la valorisation énergétique du biogaz et l'épandage des digestats sur les terres agricoles alentour.
Les déchets collectés sont acheminés sur des plateformes de compostage avec agréments sanitaires. Les biodéchets alimentaires sont alors mélangés à des déchets verts pour produire un compost de qualité, normé.
La traçabilité des flux et le processus industriel permettent de réduire les risques sanitaires au maximum.
Veolia opère une soixantaine de plateformes industrielles de compostage et possède un large réseau de plateformes partenaires sur l’ensemble des territoires.
Le compost produit est ensuite distribué par Veolia Fertivista via un réseau de plus de 300 agriculteurs ou via des distributeurs. Veolia est le premier producteur de compost organique en France avec 1 000 000 de tonnes en 2023 et véritable acteur territorial aux côtés des agriculteurs.
MicroMéthaniseur sur les toits du Centre Commercial Les Terrasses du Port à Marseille
Veolia est au cœur d'un projet innovant - imaginé avec le groupe Hammerson - au centre commercial des Terrasses du port à Marseille. En collaboration avec une start-up spécialisée, Veolia a mis en place une station de micro-méthanisation TerraMetha sur le toit d'un centre commercial…, une première mondiale !
Le principe de cette station : valoriser les déchets alimentaires des restaurants, pour les transformer en biogaz, en eau, en compost et en électricité. Cette solution novatrice permettra de recycler 500 tonnes de déchets alimentaires par an. Le projet démontre l'expertise de Veolia dans la miniaturisation et l'optimisation des procédés de traitement des déchets.
En outre, l'initiative contribue à renforcer l'autonomie énergétique du bâtiment, en complément d'autres sources d'énergie renouvelable déjà présentes.
🔎 Zoom sur… la restauration collective : un gisement significatif à valoriser
Environ 11 millions de repas sont servis chaque jour dans les cantines scolaires, les hôpitaux ou encore les restaurants d’entreprise et d'administration. D'après l'ADEME, un repas génère en moyenne 134 grammes de biodéchets – soit près d'1,5 tonne quotidienne !
Depuis 2010 et la loi Grenelle II, le tri à la source est une obligation pour la restauration commerciale et collective, sous forme de collecte sélective et/ou de valorisation biologique sur place.
Ils l'ont fait
À la Métropole Européenne de Lille, les biodéchets de la restauration hors foyer sont aspirés !
Le pompage des biodéchets à l’aide de combinés hydrocureurs est une méthode rapide et efficace de collecte des déchets liquides ou pâteux. Des véhicules regroupent les équipements nécessaires pour les travaux de pompage et de nettoyage haute-pression.
Valoriser au plus près
La valorisation des biodéchets peut se prêter à la mise en place de boucles circulaires locales, de circuits courts de valorisation, au sein même de la collectivité.
Le compost peut en effet venir amender les sols, les toitures et terrasses végétalisées à vocation potagère, et contribuer ainsi à l’amélioration de la fertilité des sols potagers en milieu urbain.
Sur des sols contaminés, il permet de réduire considérablement les teneurs en polluants.
Aux abords des routes, il réduit le lessivage des sols par l'absorption de l'eau de pluie.
C'est ainsi un nouveau rapport à la ville qui peut s'installer. La ville qui mange et qui use devient ainsi celle qui produit et qui protège : de la même façon qu’ils contribuent à produire de l'électricité grâce aux énergies renouvelables, les habitants qui produisent du compost se retrouvent fournisseurs de la ville dans laquelle ils vivent.
"La maillage local et l'implication des acteurs du territoire – représentants de l’économie sociale et circulaire, associations, monde agricole, propriétaires fonciers, filières de débouchés, etc. – sont les bases incontournables pour réussir une démarche de valorisation de proximité. Il convient ensuite de s’assurer de la viabilité économique du projet.
La collectivité se doit de jouer le rôle de chef d'orchestre ou de facilitateur. C'est une démarche qui nécessite de l'engagement au quotidien et de la maîtrise technique."
Audrey Bachelay - Directrice Flux Biodéchets, Veolia
Quand un abord d'autoroute devient un espace végétalisé
Depuis 2018, une friche urbaine de 10 000 m2 du 12e arrondissement de Marseille, à proximité de l’autoroute A507, se transforme en véritable ferme urbaine.
Géré par l’association Heko Permaculture, « Le Talus » permet d’associer valorisation locale de biodéchets, alimentation durable, création de valeur économique et animation du tissu social. 500 tonnes de compost certifié, produit à partir de déchets verts et de biodéchets dans la plateforme de compostage de Septèmes-les-Vallons, à proximité de Marseille, sont ainsi venues nourrir les sols et participer à leur reconquête par la nature.
Après avoir végétalisé l’espace en favorisant la biodiversité, l’association s’engage aujourd'hui dans la création d’activités économiques et d’insertion par l’emploi : espace de restauration éco-responsable, location de bacs potagers, zone de compostage...
La boucle est bouclée !